La fétichisation des femmes métisses au Gabon

Hey Love!

J’espère que votre semaine a été fructueuse. Je vous remercie pour tous les retours positifs après mon article spécial bday sur “Les leçons que j’ai retenues de ma vingtaine”. Ce fut un bonheur de recevoir autant de bienveillance de votre part. 

Maintenant qu’avril est placé, place au mois de mai. Le mois de l’anniversaire du blog qui aura un an le 20 mai! Ça va être drôle de faire le bilan de ces 12 derniers mois de retrouvailles tous les dimanches soirs. Bref, revenons à nos moutons. 

Je parle souvent de femmes noires sur ce blog. Des femmes africaines. Je ne dissocie jamais les femmes claires de peau ou métisses de mon propos, considérant que nous avons toutes des luttes communes à mener. Cependant, après mon article sur le collorisme et le blanchiment de la peau, j’ai eu envie de m’attaquer à une problématique, certes dérangeante, mais réelle au quotidien : la fétichisation des métisses. 

Être métisse au Gabon, ou même en Afrique francophone peut être une grâce ou un fardeau selon les personnes et les situations auxquelles elles sont confrontées. Je vous en dis en plus dans les prochaines lignes.

La sacralisation d’une peau “noire, mais à moitié »

En conséquence du collorisme, les femmes métissées ont souvent joui d’un statut de privilégié de la société gabonaise pour la simple raison de leur couleur de peau. Considérées parfois comme des “blanches”, grâce à leur moitié de génétique, les femmes métissées sont souvent traitées avec plus d’égard, adulées par la gente masculine et enviées par les femmes noires. Et même, à une époque pas très révolue (malheureusement), être en couple avec une métisse était un gage de réussite pour certains hommes noirs. 

Aussi dans le milieu familial, scolaire, professionnel et même administratif, les métisses sont un objet de fascination et bénéficient très souvent malgré elles, de privilèges ou de facilitation qu’elles n’ont même pas demandées. Des amies métisses m’ont avoué qu’elles n’étaient souvent pas conscientes des faveurs dont elles bénéficiaient : une attente écourtée à la banque, un service plus aimable au restaurant, un patron gratifiant, un client fidélisé…Ceci aux dépens d’autres personnes plus foncées.

Autant de choses des plus banales aux plus graves, qui sont le fruit d’une aliénation profonde qui veut que, plus une personne a la peau claire, plus elle est d’une caste supérieure aux peaux foncées.

Femme métisse : le poids de la couleur

Oui les avantages sont gratifiants, certaines métisses en profitent. Mais pourquoi je parle de fausse sacralisation? Tout simplement parce que les femmes métisses sont avant tout des femmes. Du haut de leur pied d’estale (qu’elles n’ont pas demandé), leur couleur peut représenter un poids lourd à porter. C’est déjà assez dure d’exceller, de se démarquer ou même de se réaliser tout simplement dans un domaine quand on est une femme. Mais c’est tout autant difficile, quand on est une femme métisse et que chacune de ses réalisations est remise en question ou attribué à sa couleur de peau. 

Très jeunes, elles sont exposées aux prédateurs sexuels, des plus jeunes aux plus vieux, prêts à tout pour s’amouracher d’une “métec”. Elles subissent cette “curiosité” oppressive masculine et sont traitées de “filles faciles” quand elles osent céder aux avances de ces faux princes charmants. Adultes, elles doivent encore justifier leur succès. 

Quand j’ai publié mon article sur les femmes les plus inspirantes du Gabon, j’ai eu droit à des “pourquoi autant de métisses?”. Comme si leur couleur de peau décrédibiliserait le message qu’elles portent ou la qualité de leur travail. Tout ça parce qu’on se limite à la couleur d’une peau et aux idées reçues liées à elle. 

La démystification des couleurs

La fétichisation des métisses existe encore parce qu’on est encore dans une hiérarchisation des couleurs en 2021. Mais surtout parce que nous avons intégré le rejet de notre propre couleur. 

Il est plus que temps qu’on brise ces vieux codes qui ne tiennent plus la route. Qu’on arrête avec la quête du bébé métisse, du cheveu métissé et même du teint métissé…Ne jouons plus au jeu du colon qui a voulu nous diviser pour mieux régner. Aucune couleur de peau ne devrait être jugée aussi bien positivement que négativement par quiconque. Et construisons ensemble, ce monde avec toutes les couleurs bien représentées, sans aucune discrimination.

Auteur : Malvyna

Petite dame gabonaise de 1m59, Consultante en Communication d'entreprise. Beauty addict, amoureuse de cheveu crépu, féministe sur les bords, fan de Rnb des 90's et 00's Pleine d'amour et d'eau fraîche.

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