Il y a quelques semaines, j’administrais un sondage sur le web relatif à la journée de la femme au Gabon. Cette initiative venait d’une réflexion toute simple que je me suis faite en tant jeune blogueuse passionnée par les femmes. J’ai toujours été inspirée par des femmes majoritairement étrangères, particulièrement afro-américaines. Ce qui est totalement différent en 2021, où de plus en plus de femmes africaines et de la diaspora sont visibles.

Ma réflexion est simple. A l’heure actuelle, chaque pays a une figure de leadership féminin, une figure militante de la cause féminine, un emblème internationalement reconnu. C’est le cas de Chimamanda Ngozi au Nigéria, le Sénégal avait Mariama Bâ, le Cameroun a Calixte Beyala, l’Afrique du Sud Miriam Makeba, Ellen Johnson du Libéria …. Même dans la diaspora francophone, on a des perles comme Rokhaya Diallo ou Aïssa Maïga qui se distinguent par leur prise de position. Toutes sont reconnues au-delà des frontières de leur pays.
Alors, je me suis demandée, qui est la figure emblématique du leadership féminin au Gabon? Vers qui le monde doit-il se tourner quand il s’agira de trouver la militante de la cause féminine qui fait bouger les lignes au Gabon?
Quel est le profil de la femme leader inspirante ?

Il y a plusieurs femmes, de profils différents, avec des styles de vie différents qui impactent le monde. J’ai demandé à ma communauté quels étaient les critères qui leur permettaient d’établir une femme au rang de modèle pour la communauté. Parmi plusieurs critères, certains se sont fortement démarqués. Ainsi la recette parfaite pour être une femme inspirante serait composée principalement des ingrédients suivants : les valeurs, l’intelligence et les causes défendues. Par la suite venaient, la qualité du travail, la force de caractère, le leadership ou encore la religion.
En faisant le parallèle avec les femmes citées dans mon introduction, on remarque aisément qu’il y a une parfaite adéquation. Ajoutez à cela le facteur charisme ou “bonne étoile” . On a là la recette de la femme inspirante en 2021. Les femmes gabonaises correspondent-elles à cet idéal ?
Quelle est la place de la cause féminine au Gabon ?
Le Gabon est un environnement assez particulier par rapport aux autres africains. La femme a toujours eu une place respectable dans la plupart de nos us et coutume. La jeune fille est “libre” de ses choix et très souvent instruite. Selon mon observation, la cause féminine au Gabon n’a pas le même écho que dans les autres pays où les femmes n’ont pas accès à l’éducation, sont victimes de mariages forcés, de mutilations sexuelles (comme l’excision par exemple), du taux de violence très élevé, de maltraitance, etc.
Ce qui fait que la plupart des Gabonais (hommes comme femmes) considèrent la femme gabonaise comme privilégiée, qui n’a pas de véritable raison de se plaindre. Or, même si le phénomène est plus subtil, la société gabonaise a bel et bien hérité du système de pensées et de vie sociale patriarcale imposé par le colon français, qui lui considérait la femme comme “le sexe faible”. Certes les femmes sont instruites et libres (quoique en permanence jugées), mais très peu sont à des postes décisionnels et les lois sont généralement pensées en faveur des hommes. Et ce bien qu’il y ait eut à un moment un ministère dédié à la promotion de la femme.
Jusqu’au début des années 2010, les mentalités étaient encore très corrompues car même certaines femmes elles-mêmes n’avaient pas conscience qu’elles étaient victimes d’un système patriarcal préétabli.
Qui est la figure emblématique du leadership féminin au Gabon ?
En 2021 les choses tendent à s’améliorer fortement, il y a de plus en plus de femmes qui se démarquent. Leurs parcours sont inspirants, elles occupent des postes à responsabilité, elles défendent des causes importantes, elles partagent des valeurs de façon remarquable et impactent leur environnement. Le contexte actuel se veut propice à la naissance d’un mouvement féminin au Gabon. Et d’ailleurs on le voit avec la naissance d’associations comme Femmes actives du Gabon, Anto Winners, Golden women, AFAP et pleins d’autres… Malheureusement, avec autant d’inspirations et de modèles féminins, on a toujours pas de porte étendard à l’international.

J’ai demandé aux lecteurs, qui était la femme gabonaise qui était pour eux la figure emblématique de la cause des femmes au Gabon. Qui était la femme en qui ils se reconnaissaient? Et d’un centaine de réponses, il est ressorti 6 profils : Iselle Akwoué , Marie Madeleine Mborantsouo, Scheena Donia, Annie Flore Batchiellilys, Jessica Allogo et Laurence Ndong. Soit 3 entrepreneures, 2 politiques et une artiste chanteuse. Sachant que 4 d’entre elles ont été particulièrement visible grâce aux réseaux sociaux. Je précise que mon lectorat est composé principalement de jeunes femmes actives, modernes et digitalisées. Soit une petite niche par rapport à l’ensemble de gente féminine gabonaise.
Pourquoi nos leaders féminines sont-elles si peu (re)connues et valorisées ?
Comme expliqué précédemment, la cause des femmes n’a pas le même écho au Gabon que dans les autres pays. Certaines femmes, elles-mêmes s’identifient pas forcément comme problématiques certains faits culturels et sociaux qui rythment notre quotidien. Les harcèlements sexuels en milieu professionnel, les violences conjugales, les inégalités professionnelles…tout ceci est encore considéré comme normal. Et les femmes dénonciatrices de ces phénomènes sont sous-estimées et surtout incomprises. Un féminicide est considéré comme un simple fait divers et un pervers narcissique fait figure de simple mari capricieux.

Aussi, on est dans un pays où la politique prend “énormément” de place. Il est donc difficile voire impossible d’exister en tant que leader d’opinions à moins d’appartenir à un groupe politique. Encore pire si on ne bénéficie pas de moyens financiers importants pour faire passer son message à travers le pays ou même via les médias classiques.
Iselle Akwoué, Odome Angone, Vanessa Adande, Jessica Allogo, Mme Benga, et toutes les autres femmes gabonaises méritent d’être connues par la jeune fille qui vit en province. La jeunesse gabonaise a besoin de les connaître, de s’identifier à elles et d’arrêter de croire que tout ce qui vient de l’étranger est mieux. Alors que l’on a de la matière à exploiter ici. Leurs success stories doivent passer en boucle à télé, leurs livres doivent être étudiés à l’école, on doit leur offrir des tribunes et les rendre visible à l’international.
Si nous-mêmes ne sommes pas fascinés par les femmes gabonaises, qui à l’étranger le sera pour nous?
On veut être fier d’entendre Beyoncé chanter les paroles du livre d’une Odome Angone, comme elle l’a fait pour la nigériane Chimamanda Ngozi. Le digital aide grandement, mais il est temps qu’on passe à un tout autre niveau. Et pour cela, l’Etat gabonais, les hommes et les femmes doivent se lever et véritablement pousser nos leaders féminines.
Merci pour ce bel article qui vend l’image positive de la femme gabonaise!
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Leslie tu es formidable
Dieu te bénisse
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N’oubliez pas le Dr. Honorine Ngou par son œuvre littéraire, elle défend avec hardiesse la valeur de la femme africaine. Merci
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Bonjour
L’article est intéressant mais j’aimerais savoir ce que vous sois-entendez par “ cause des femmes” en faite. Ces femmes qui sont citées sont pour moi influentes, et rien de plus. Parler d’elles comme étant des figures à l’image d’une Chimamanda voire d’une Rockaya Diallo voire encore plus même de Mariama Ba me paraît excessif. OK, chacune d’elles ont des opinions sur la question de la femme, permettent de voir qu’une femme peut tout aussi bien réussir, prétendre à des postes importants aussi bien qu’un homme mais je ne les vois clairement pas comme des figures de la cause féminine.
Sinon, je suis assez de votre avis pour le reste de l’article.
Cordialement
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Bonjour Maisha,
Je suis d’accord avec vous. En réalité on a pas de vraiment de militantes à proprement dit, ni pour les droits des femmes ni pour le féminisme. Du moins, personne ne se positionne comme tel. Mon article est basée à 100% sur les résultats de mon petit sondage qui a donné les résultats. D’où l’utilisation de l’expression « cause féminine » pour « généraliser » car les femmes mentionnés sont soit artistes, entrepreneur, motivatrice…qui certes, parlent souvent des femmes et font quelques actions. Mais ça reste loin d’un engagement à la Chimamanda Ngozi. Je pense qu’au Gabon, il y a une réelle « gêne » pour toute forme de « militantisme » sous quelle que forme que ce soit.
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