« Femme d’influence » : comment l’expression a perdu sa valeur au Gabon ?

Femme d’influence, de valeur, de pouvoir…les années 2010 ont été la période de l’expression du développement de l’empowerment féminin sur la toile francophone. L’arrivée de « Femmes d’Influence », le premier site féminin de réflexion et développement personnel a participé à motiver et encourager les femmes à avoir confiance en elles, en leur potentiel et en leur pouvoir. Leur mission est claire : Aider les femmes à s’accomplir, aussi bien au niveau de leur vie de famille que de leur vie professionnelle ; et de les pousser à s’améliorer physiquement et mentalement.

Comme dans la plupart des pays francophones, le concept est tout de suite compris et adopté au Gabon par les femmes qui voient en cette plateforme, une source de motivation mais surtout de valorisation de la femme qu’on aimerait toute être : une femme d’influence.

Femmes, oui, surtout d’influence !

Avec des visuels de citations motivantes écrites avec une police de caractère reconnaissable, la stratégie de communication de FI est tellement bien ficelée que dans les semaines qui ont suivi le lancement, quasi toutes les femmes se les approprient. Ils sont dans tous les téléphones, les comptes sociaux, ils ont même servi à faire passer des « statuts visés » (oui je plaide coupable lol).

 Toutes les femmes se déclarent ou souhaitent devenir des Femmes d’Influence. Confiance en soi, gestion de finance, entreprenariat féminin…tous ces sujets qui visent à promouvoir l’autonomisation de la femme, qui étaient tabous pour une catégorie de femmes, sont devenus des sujets mainstream qui ont touché le plus grand nombre sur la toile. Si bien que toutes les femmes sur les réseaux se définissaient comme influentes.

Femmes d’influence au Gabon : entre superficialité et manque d’authenticité

Au fil du temps, et grâce à son succès,  » femmes d’influence  » est devenu un slogan au Gabon. Un slogan qui, lentement mais sûrement, a dépassé les états de simple expression de la langue française ou de nom d’une marque de site de développement, pour se transformer en faire-valoir et gage de réussite auprès de certaines femmes.

Le problème survient quand la plupart des femmes qui se décrivent comme telles, s’éloignent du concept qui expriment l’influence en terme de valeur, pour mettre en avant les atouts physiques, matériels (vêtements de marque, maquillage etc …) ou leur style de vie (chill, groove, voyages…). Le slogan est devenu dès lors une sorte de justificatif pour expliquer ou faire valider un style de vie plus superficiel qu’autre chose.

Le plus gros point bloquant c’est que ces femmes sont souvent reprochées d’avoir des styles de vie douteux pour financer leur train de vie. En effet, la crise économique au Gabon a entraîné la croissance de certains phénomènes tels que les placements, les sugar daddy, les tchizas…

Après : Femme d’influence ? No, thanks.

J’ai effectué un petit sondage sur mes réseaux sociaux pour savoir pourquoi les « femmes d’influence » étaient moquées sur le net. J’ai été triste de constater que mon échantillon était unanime pour dire que le terme était devenu péjoratif et que ces femmes dites d’influence étaient majoritairement de mauvaises vies ou des entrepreneures qui ont acquis leur capital par des voies vicieuses.

La deuxième question que j’ai posé à mes p’tites dames était de savoir si elles apprécieraient d’être qualifiées de femmes d’influence. Et là encore, la réponse a été mitigée. Pour la simple raison que le terme a perdu sa valeur.

Mon avis dans tout ceci :  » Who run the world? Girls!  » That’s all!

Quand on sait que cette expression est à la base un slogan valorisant l’autonomisation et le développement de la femme, ce revirement est catastrophique. C’est clair! Femmes d’influence, de valeur ou de pouvoir… En vrai, c’est un détail.

Si quelqu’un me dit que je suis une femme d’influence pour lui, et bien je prendrai parce j’ai ma propre notion de l’influence qui pour moi est relative aux valeurs que je transmets ou que j’inspire aux autres. Je précise que je ne parle pas d’influence web ou marketing, ce qui est toute autre chose.

L’essentiel est que toutes les femmes s’unissent pour dorer le blason de la femme gabonaise qui souffre cruellement de la misogynie de nos hommes et de la désolidarisation de certaines d’entres nous. On préfère bêtement se focaliser sur celles que les hommes considèrent comme « mauvaises femmes », plutôt que se focaliser sur toutes celles qui inspirent au quotidien et sauront être des modèles pour d’autres qui traînent encore le pas.

Que pensez-vous de tout cela? N’hésitez pas à me donner votre avis sur la question.

Xoxo.

Auteur : Malvyna

Petite dame gabonaise de 1m59, Consultante en Communication d'entreprise. Beauty addict, amoureuse de cheveu crépu, féministe sur les bords, fan de Rnb des 90's et 00's Pleine d'amour et d'eau fraîche.

6 commentaires

    1. Belle découverte! J’aime le style frais et léger. Ca fait plaisir de lire un texte qui respirevla jeunesse et ma finesse. Je m’abonne tout se suite !

      J’aime

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s