Dimanche dernier, comme la plupart des Gabonais, j’ai reçu une vidéo de jeunes lycéennes dansant en montrant leur poitrine. Il s’agirait d’un challenge TikTok d’après les experts. Mais connaissant les “soit-disantes” mœurs de ce pays, je pense que cette vidéo n’a pas été mise en ligne par nos nouvelles célébrités de leur propre chef. Elle a dû fuiter sur internet par maladresse.
Et depuis une semaine, on assiste à une campagne à charge contre 3 gamines pas malignes. Attention, je ne les défends pas. J’ai été choquée et j’ai moi-même en horreur toute forme de vulgarité…Puis je me suis rappelée que le vilain petit canard n’était vilain que parce qu’il ne savait pas qu’il était un cygne au milieu des canards.
Je vais vous donner mon avis sur cette histoire.

Quand on ne sait pas d’où on vient, on suit les autres
Tout comme le vilain petit canard, notre jeunesse suit les autres. Elle ne sait pas qui elle est, ni ce qu’elle représente. Si à une époque “la jeunesse est sacrée” était un slogan sympathique qui prenait son sens dans de petites actions politiques, en 2021 la jeunesse est plutôt “un détail”. Je ne vais pas entrer dans un débat politique mais c’est visible : sureffectif en classe, aucune activité ludique publique, aucune connaissance culturelle…
Internet et les réseaux sociaux sont devenus un raccourci pour divertir les jeunes. Or, de ce côté-là, il y a l’autre monde avec ses propres habitudes, attitudes, valeurs… Malheureusement, la plupart de nos jeunes y puisent leurs références, leurs modèles. Car les rares gabonais avec le bon profil de parfait “grand frère” ne sont pas valorisés, ceci au profil des politiques. Les parents, en bon spectateurs, se taisent, et encouragent leurs enfants à aduler Violetta, Cardi B, et compagnie.
On élève des Nicki Minaj en pensant qu’elles deviendront des Annie-Flore Batchiellilys par magie.

L’indignation sélective : les filles comme souffre-douleur
C’était drôle de voir tout un pays outré par 3 petites poitrines d’adolescentes. Pourtant depuis quelques années, les faits divers se multiplient : consommation de kobolos, vols de sacs dans les rues, poignards dans les lycées, etc. Mais 3 petites poitrines de pubères ont monopolisé l’attention du ministre de l’éducation nationale et du procureur de la République toute une semaine. Comme si leur vidéo (nuisible pour leur propre image d’abord), allait faire sombrer le pays dans la pornographie. Alors qu’on a des milliers de jeunes garçons qui s’engouffrent dans la délinquance juvénile chaque jour.
C’est tellement plus “facile” de s’attaquer à des filles ! Une réaction disproportionnée qui s’apparente plus à du sexisme voilé. Du sexisme gouvernemental, ça existe ça? Lol je me perds même dans tout cet absurde.

Pour finir, il faut s’attaquer aux causes plutôt qu’aux conséquences. J’aime dire que mon blog est le blog des femmes gabonaises ambitieuses et modernes en phase avec leur culture. Pourquoi la culture? Parce qu’elle représente notre identité, notre histoire, nos valeurs communes, nos traditions, nos croyances, nos rêves… Pour avoir une maturité dans le modernisme, on doit pouvoir se connaître pour faire les meilleurs choix. Une princesse d’Afrique moderne et ambitieuse sait, sans qu’on ne lui dise, quel challenge TikTok lui ressemble ou pas. Si on réussit ce challenge, on aura sauvé toutes les petites princesses gabonaises. Pour bien comprendre, je vous invite à lire cet ancien article sur la chanson princesse d’Afrique ici.
C’était tout pour moi. Je vous souhaite le bonheur cette semaine.
Xoxo.