“L’immaturité” et l’oisiveté : la recette du cyberharcèlement en Afrique francophone

Être drôle et immature : c’est le combo gagnant de la réussite virtuelle sur les réseaux sociaux, principalement en Afrique francophone. Cette réussite s’évalue au nombre de likes, de partages et de commentaires. Plus on en fait, plus on est sûr d’avoir l’attention de notre audience. Ce qui booste notre propre estime de soi. 

Cet article n’est pas un article “mature”, à charge contre le second degré, mais il se veut lanceur d’alerte sur un humour néfaste qui entraîne derrière lui une vague de cyberharcèlement, de déséquilibre de la santé mentale et une prépondérance à la négligence de sujets sérieux. Et c’est catastrophique pour une jeunesse qui représente l’élite africaine de demain. 

La domination du contenu “drôle”

L“immaturité”, loin de son sens premier, est une tendance qui consiste à faire du contenu drôle et/ou prôner une attitude fun où l’on prend tout au second degré, et où on (s’)amuse sur la toile. Jusque-là, tout va bien. Au fil du temps, le contenu “immature” pour ne pas dire drôle, a pris le contrôle et retient l’attention des internautes majoritairement. Plus c’est drôle, plus le post entraîne de l’engagement, de la visibilité, et même de la rentabilité vu comment les marques s’y sont adonnés. 

C’est potentiellement la cause du grand succès des web humoristes africains, qui demeurent les créateurs de contenus les plus suivis en Afrique francophone. Mention spéciale à Sean Bridon dont la page a décollé dès qu’elle s’est portée sur du contenu humoristique. Et que serait l’Ivoirienne Coach Hamond Chic si elle n’avait pas cette approche “humoristique” dans ses vidéos ? Certainement, une coach lambda qui donne des conseils sur le web comme toutes les autres. 

Quand l’immaturité rencontre le cyberharcèlement 

Loin de sa vocation “fun”, l’humour “immature” tend de plus en plus vers le sensationnel, de par sa virulence voire sa méchanceté envers autrui.  “C’était juste pour rire” est devenu la phrase préférée des cyber harceleurs arrêtés récemment par les forces de l’ordre. On dépasse la limite de la décence, de l’éducation, et des valeurs culturelles, et même universelles, juste pour faire rire. Ceci en pensant à tort qu’il existe une frontière invisible entre la vie virtuelle et la vie réelle.

Internet devient un exutoire où l’on se sent intouchable, impunissable. On se sent puissant derrière son clavier, alors qu’on serait incapable de dire ces méchancetés dans la vraie vie en face de la victime. Particulièrement quand la victime est une personnalité publique. Dans le cas du Gabon ou de la Côte d’ivoire, les victimes de cyberharcèlement les plus connues sont Princess Téké, Ida Moulaka, Yvidero ou encore Emmanuelle Keita, toutes leaders dans leur domaine avec un immense capital sympathie avant leur bad buzz. Peut-on penser à de la jalousie ?!

Oui ! Car l’une des causes majeures du cyberharcèlement est la mauvaise estime de soi. Le cyber harceleur n’aime pas sa vie et refoule ses propres insécurités en s’en prenant à autrui.

L’immaturité L’oisiveté, mère du cyberharcèlement en Afrique francophone

J’ai lu une étude qui décrit le profil des cyber harceleurs. Selon cette étude, ces harceleurs sont souvent en proie à l’oisiveté, la pauvreté intellectuelle et émotionnelle. Ils détruisent les autres et se sentent plus fort en le faisant. Autrement dit, la fameuse phrase que l’on sort en rigolant “c’est le chômage » est réelle. Nos jeunes manquent cruellement d’occupation en dehors de leurs heures de cours et n’ont pas d’objectifs de vie, ni de passion. A l’exemple du Gabon, il n’existe aucune bibliothèque publique, trop peu de complexes sportifs, pas de championnat inter-établissement, l’accès aux salles de jeu est trop cher pour le citoyen lambda. Ceci alors que le forfait internet coûte à partir de 200F et que Facebook est gratuit chez certains opérateurs. 

Les réseaux sociaux sont devenus donc l’unique moyen de se divertir. Ils existent à travers les commentaires méchants et se nourrissent de leur public, qui au lieu de sanctionner, viendra “rire” parce qu’après tout “c’est juste pour rire”.

Est-ce bien d’être immature? Au sens premier, comme au second, l’immaturité a ses limites. Comme la liberté, elle s’arrête au moment même où la quiétude d’autrui est mise en danger. On aime tous rire et faire rire (oui, même si j’ai l’air rabat-joie dans cet article), mais la blague est drôle quand tout le monde rigole à la fin. 

Aussi, notre propension à la rigolade doit pouvoir laisser place à des prises de position sérieuses quand il s’agit de sujets sociétaux, économiques ou encore politiques. Ce n’est pas obligatoire, mais c’est mieux quand même.

PS : Ceci est mon blog, je suis garante de ce que j’écris. Pas de votre interprétation.

Allez, tchuss !

Auteur : Malvyna

Petite dame gabonaise de 1m59, Consultante en Communication d'entreprise. Beauty addict, amoureuse de cheveu crépu, féministe sur les bords, fan de Rnb des 90's et 00's Pleine d'amour et d'eau fraîche.

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