
En réfléchissant sur le sujet, je me suis rendue compte qu’au final au Gabon, ou même en Afrique en général, on avait finalement de moins de moins de tabous. C’est vrai, ces dernières semaines chacun donnait son avis sur la dépénalisation de l’homosexualité au Gabon, la toile est en folie à chaque sortie de sextape, le SIDA est devenu un vieux sujet…
Mais parmi ces sujets dont on ne parle pas assez, et qui restent “un mystère”, il y a les règles. Oui, les menstrues. Je vois déjà certains d’entre vous faire la grimace en mode “eurgh” lol. C’est vrai que ça passe mieux quand on dit les anglais, les ragnagna, les rouges, etc. On aurait qu’il y a une interdiction morale d’appeler les règles par leur nom. C’est Le-Truc-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom.
Pourtant la moitié de l’espèce humaine est concernée par ce phénomène. Rien que ça ! Mais le mystère autour perdure. En soi, ce n’est pas très grave dans le fond vu que ça relève de l’intimité, mais il y a une catégorie de femme particulièrement qui méritent qu’on se pose sur ce sujet. Je parle de ces femmes dans le monde qui vivent ce moment comme une torture physique mensuelle; mais qui se retiennent chaque jour d’en parler ou qui en parlent mais restent incomprises.
Les menstrues : mystère et boule de gomme

Le corps de la femme en Afrique et même dans le monde, jouit à tort ou à travers d’une certaine “sacralisation”. Incontestablement liées à la femme, les règles aussi héritent de ce motus et bouche cousu collectif, qui est doublement ancré dans l’inconscient collectif africain. Considéré comme une punition divine chez les chrétiens et plusieurs autres religions, une souillure dans la culture africaine et l’inconscient collectif, les règles sont un sujet tabou.
Si bien qu’inconsciemment, on apprend aux hommes à détester les règles. Il y a qu’à voir leur tête quand il voit une serviette hygiénique.
Donc il y a un vrai désintérêt des hommes vis-à-vis des règles et des réalités qu’elles imposent dans la vie d’une femme. Tant est que même les femmes en parlent très peu, et se contentent de vivre chacune leur expérience de leur côté.
La douleur qu’on ne nous reconnaît pas

J’étais au bord des larmes et complément dopée aux anti-inflammatoires (qui n’avaient aucun effet) quand je me suis demandée : Mais comment ça se fait qu’on aille sur la lune, qu’on fasse des greffe d’organes, et que personne n’ait trouvé comment soigner les règles douloureuses?!
Près de 50% des femmes fécondes ressentent des douleurs pendant leur période menstruelle. 15% d’entre elles ressentent des douleurs très fortes au point de les handicaper et modifier leurs activités quotidiennes.
Parallèlement, la plupart des gens pensent simplement les femmes sont juste chiantes pendant leur période. On a même la légendaire expression ironique “ t’as tes règles ou quoi? ”. Et mieux, celles qui se plaignent de douleurs, sont rangés aux rang de paresseuses ou fragiles .
“C’est pas une maladie” on l’a toute entendue. Si bien qu’on a peur de se faire juger et qu’on ne le dit plus. Ou on se contente de dire “j’ai mal au bas-ventre” en sachant que l’expression est devenue une banalité. A l’école comme au travail, c’est vu comme une excuse toute faite pour sécher.
L’endométriose : notre faux sauveur
Depuis que l’on entend de plus en plus parler d’endométriose, la prise de conscience sur les règles douloureuses bien que trop lente commence à se faire. Les femmes, notamment les stars ou les leaders d’opinion, en parlent de plus en plus. Bon surtout dans les pays occidentaux, bien sûr.
Au Gabon, il existe depuis quelques mois une association de femmes souffrantes d’endométriose nommée Endofi Gabon. Notons que même que l’endométriose met environ 5 ans avant d’être diagnostiquée et que 1 femme sur 10 souffrirait d’endométriose. 5 ans! Pourquoi? Parce que c’est vrai que c’est pas simple à détecter mais beaucoup de gynécologues ne savent pas vraiment comment s’y prendre. Voyez où ça va loin ce manque de considération pour la douleur des règles.
A côté de ça, les causes médicales peuvent être multiples : les kystes, les fibromes… Derrière chaque « j’ai mal au bas ventre » se cache peut-être une pathologie sérieuse.

En conclusion je dirai aux femmes : parlez. N’ayez pas honte de ressentir, d’exprimer ou d’expliquer votre mal. Il faut absolument démystifier cette douleur. Allez chez le gynéco, et si vous avez l’impression qu’il ne vous prend pas au sérieux (ce qui arrive énormément), INSISTEZ! Insistez jusqu’à ce qu’on vous croit.
On a la responsabilité de se faire entendre pour que l’image des règles douloureuses change dans la tête des gens et que les générations futures n’aient pas à vivre la même galère. Donc parlez.